Christian Blanc, un « che » libéral
De notre correspondant Arnaud Curt
Si on lui avait dit, il y
a quatre ans, qu'il deviendrait député des Yvelines, il ne l'aurait jamais cru.
En effet, c'est un homme d'action qui désire se donner à fond dans ses fonctions
et la politique lui semblait trop routinière à l'image de l'état d'esprit qui
régnait ce soir là dans l'amphi d'EM Lyon.
Les étudiants de l'association « Forum EM Lyon » recevaient jeudi 27 novembre,
l'ex-PDG d'Air France, Christian Blanc dans l'ambiance très studieuse du grand
amphithéâtre de l'école. La conférence était suivie par un échange avec les
élèves, mais rien à voir avec l'ambiance des amphis survoltés de sciences-po.
L'impertinence estudiantine n'était pas de rigueur ce soir-là, tant les
questions posées manquaient d'acidité.
Nouveau venu en politique, Christian Blanc s'emploie à chambouler l'ordre établi
en proposant un vaste plan de réformes économiques et sociales tel un
révolutionnaire (en costard trois pièces tout de même). Il s'est
particulièrement distingué en devenant PDG d' Air France en 1993, alors
que l'entreprise était au bord du dépôt de bilan car la compagnie aérienne « se
reposait trop sur ses acquis ». Le repreneur décide alors de miser sur le
capital humain de l'entreprise et met en place les fondamentaux d'une entreprise
concurrentielle. Il voulait même en faire la première flotte européenne en
s'associant avec Iberia et Alitalia. Mais ces mesures, sans doutes
jugés trop libérales, n'ont pas plu au ministre communiste des transports du
nouveau gouvernement Jospin qui l'incita à démissionner. L'homme n'en était pas
à son première friction avec un gouvernement socialiste, en 1992, il était
contraint de quitter la présidence de la RATP au sein de laquelle, il voulait
instituer un service minimum pendant les grèves. D'ailleurs, c'est toujours sa
priorité car il estime qu'« on s'occupe trop de ceux qui ne veulent rien et
si ils empêchent le pays d'avancer, il faut les combattre » ; il fera
d'ailleurs une nouvelle proposition de loi sur ce thème au parlement courant
2004.
Christian Blanc veut donner un grand coup de pieds dans la fourmilière que
représente la fonction public avec la suppression du statut de fonctionnaire.
Mais, selon lui « les Français sont trop conservateurs et si ils continuent à
rejeter le bloc politico-administratif, le pays se dirige vers une combustion
lente . Le pays va connaître une rupture importante dans les prochaines années
bien supérieure à celle de 68. Les Français attendent une transformation
profonde ». Malgré ce tableau assez sombre, le député des Yvelines reste
optimiste, il juge que la France peut devenir le leader européen grâce aux
potentiels de ces régions et à la matière grise fournie par un système éducatif
compétent. En même temps à quelques mois des régionales et en étant invité par
l'une des écoles lyonnaise les plus prestigieuses, il pouvait difficilement dire
le contraire ! « Le citoyen entrepreneur », comme il aime se définir ;
paraît bien idéaliste mais il a au moins le courage de proposer de nouvelles
réformes basés sur du concret. A suivre...
|