Les
ptits' dej de Montgolfier
Quand
Denis de Montgolfier s'invite au domicile des
personnalités lyonnaises. Culture, social,
spectacle et sport : ça dépote. Des
portraits avec humour et tendresse pour mieux
faire connaissance.
Dégoût des études, rêve de
monitorat de ski, rebelle de l'Armée de l'Air
mais aujourd'hui artiste souriant à la vie.
C'est dans une résidence de star que le roi
lyonnais de la soie nous a reçu. Chambres avec
salle de bains et marbre, cuisine géante et autre
salle de nabab. Retour sur la vie d'André-Claude
Canova, le patron des soieries du même nom.
Les
mille et une vie d'André Claude Canova
André-Claude
Canova
est un voleur de 2 CV qui assume. A 14 ans, il décide
d'épater les copains en faisant le ramas-sage
scolaire le temps d'une journée. Au bout de
celle-ci, la rouste de sa vie : « J'avais
piqué la 2 CV camionnette pour faire la tournée
des copains ; Mais nous sommes tombés en
panne et nous avons dû pousser la deuche
jusqu'au domicile paternel. Au moment où je
remettais les clefs dans le placard, toutes les
lumières se sont allumées : mon père
m'attendait et m'a collé une rouste dont je
me souviendrai toute ma vie. »
De
son père qui travaillait dans une soierie
lyonnaise, le fils Canova retient aussi les
valeurs : « Il m'a enseigné le
travail bien fait et le respect des délais pour
les clients. » Décédé il y a quatre ans,
le papa Canova continue de se rappeler aux bons
souvenirs de son fiston qui regrette, les larmes
aux yeux, de n'avoir que peu partagé avec ses
parents. Le papa était bosseur, peu disponible et
la maman possessive et redoutable dans les
affaires.
A
5 ans et demi, le « dédé » n'a pas
le temps de finir sa Blédine qu'il prend la
direction de la pension. « On doit faire
avec ses parents, c'est difficile de les
critiquer » s'excuse presque l'artiste.
La pension se trouvait à Amplepuis et l'option
rock'n'roll n'était pas proposée. Les pères
Saint-Aviateurs ont bien essayé de marier Jésus-Christ
avec André-Claude : non compatible dira
l'histoire, quelques années plus tard. Le
bougre frondeur en sort grandi : « J'ai
eu une éducation assez dure qui m'a aidée et
si j'ai quitté le cadre familial fâché,
c'est sans aucune rancune car ça m'a permis
de décoller » affirme Dédé La Soie.
Après
la 3ème, terminus, le voya-geur André-Claude
descend. Le BEPC en poche, il va connaître le
grand frisson de la vie post-adolescente. A 15 ans
et demi, il s'inscrit au con-cours de l'Armée
de l'Air : »J'ai terminé dans les
10 premiers du concours qui était national »
triomphe quand même le futur conscrit. Mais les
évènements se précipitent, il intègre la base
de Nîmes...et trois mois après il est classé
dernier d'une promotion de 136.
Circonstance
ag-gravante, le jeune Canova n'a pas le sou alors
il bidouille : « J'avais instauré un
sys-tème, celui de vendre aux bleus qui arrivaient
des photos d'avions ». C'est ainsi que
le jeune soldat artiste gagne son argent de poche.
Mais peu après les emmerdes arrivent : le
jeune Dédé se bagarre et les profs constatent
qu'il n'en fout pas une. C'est le conseil de
discipline et le Général-juge lui sort :
« Vous êtes une forte tête, on va vous
remettre dans le droit chemin ! ».
Direction Saintes, en Charente Maritime.
Dédé
La Soie va rester 4 ans dans l'armée comme électromécanicien
où il vagabondera de Rochefort à Lyon en passant
par Marseille, Orange et Caen. C'est sa plus
belle étape dans la vie : »J'ai
rencontré des gens illettrés, je ne savais pas
que cela existait. Touts les conneries que j'ai
faites, c'est positif : aujourd'hui ça
ne serait plus possible » regrette Dédé en
pensant à ce temps révolu mais pas oublié.
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