213ème
ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE LOUIS XVI
L'homélie de l'Abbé Pépino
L'abbé Eric Pepino et
SAR le Prince Rémy de Bourbon-Parme
au sanctuaire St Bonaventure
La messe célébrée à la
mémoire de Louis XVI a rassemblé plus de deux cent Lyonnais au sanctuaire St
Bonaventure. Une affluence inhabituelle pour cet évènement (voir
chronique). C'est l'abbé Pepino (cousin de
la belle Laetitia) qui a prononcé l'homélie. Nous la retranscrivons dans son
intégralité. A chacun de se faire son opinion.
« Monseigneur,
Chers frères et sur,
La page évangélique qui vient d'être proclamée fut vécue -
et de quelle manière ! - par celui qui nous rassemble aujourd'hui en ce
sanctuaire : le roi Louis XVI. Traîné devant un tribunal inique, condamné par
des juges sans loi car sans Dieu, le roi n'a pour réponse que le témoignage de
sa foi, suprême rempart face à la folie sanguinaire des révolutionnaires. En
digne fils de Saint Louis, il accorde son pardon à tous ceux qui l'ont offensé
et c'est dans la paix qu'il monte à l'échafaud en ce 21 janvier 1793 de sinistre
mémoire.
Cet événement tragique, parmi tant d'atrocités que la
soi-disante mémoire républicaine préfère cacher aux petits Français dans ses
leçons d'histoire, eut des répercussions considérables. Et, aujourd'hui, nous
sommes les héritiers de ce drame. Pourquoi ? Que s'est-il passé le 21 janvier
1793 ? Certes la mort injuste d'un homme est toujours un scandale mais en
éliminant le roi, ceux qui désormais se proclamaient les maîtres de
la France, avaient un plan :
établir un ordre nouveau qui n'est, en fait, qu'un vaste désordre. L'ordre
nouveau reposerait sur un principe que nous venons de commémorer : la laïcité.
Ce qui avait fait, depuis le baptême de Clovis et des ses troupes en 496, la
grandeur de notre pays n'avait plus droit de citer. Il fallait effacer de la
mémoire nationale toute trace de la civilisation chrétienne que nos rois, malgré
leurs défaillances personnelles, avaient toujours soutenue et protégée.
Pour cela, une méthode : s'emparer de l'école afin de
former des esprits et des intelligences éclairés par les lumières de la raison.
Nos nouveaux maîtres allaient, enfin, faire sortir
la France de l'obscurantisme,
de cet abominable Moyen Age. Et que voyons-nous aujourd'hui ? Des ministres de
la République se plaindre de l'ignorance religieuse des petits Français, de
l'inculture historique du plus grand nombre. Si cela n'était pas dramatique,
nous aurions envie de rire.
La mort de Louis XVI ouvre donc des temps radicalement
nouveaux où l'opposition à l'Eglise, à la foi chrétienne, à la famille et plus
largement à l'ordre social naturel trouve son point d'aboutissement en notre
siècle.
C'est pourquoi, le devoir de piété filiale et de mémoire à
l'égard de Louis XVI va au delà du simple événement historique. Il est un appel
lancé à tous, en particulier aux jeunes générations, pour que nous demeurions
fidèles à l'héritage chrétien, à l'authentique humanisme, à la vérité
historique.
Notre société est malade et, l'on est en droit de se poser
la question : cette maladie ne serait-elle pas mortelle ? Comment pourrait-il en
être autrement quand on se détourne de Dieu qui est l'auteur de la vie ?
Décapiter un roi que Dieu, lors de son sacre à Reims, avait oint de la Sainte
Ampoule n'était en rien un geste anodin.
C'était la volonté délibérée de se séparer définitivement
de la loi divine. C'est le même processus qui, aujourd'hui, sévit et conduit à
la défaite de l'intelligence quand des lois sont votées, sous la pression des
minorités en tout genre, afin d'établir une société nouvelle affranchie de toute
norme morale.
Faut-il sombrer dans le pessimisme ou le fatalisme ? « Non »,
répond Notre Seigneur dans l'évangile : « Moi-même je vous inspirerai un
langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni
résistance, ni contradiction ».
Quelle est donc cette sagesse, quel est donc ce langage
sinon, comme l'enseigne St Paul, le langage de
la Croix ? Permettez-moi de
citer ici les propos de notre Saint-Père le Pape Benoît XVI adressés aux jeunes
à Cologne en août dernier :
« Dans le monde présent,
Dieu n'entre pas en concurrence avec les formes terrestres du pouvoir. Il n'a
pas de divisions à opposer à d'autres divisions. Il n'a pas envoyé à Jésus, au
Mont des Oliviers, douze légions d'anges à son secours. A la fureur et à
l'étalage du pouvoir de ce monde, Il oppose le pouvoir sans défense de l'amour
qui, sur la Croix - et ensuite continuellement au cours de l'histoire - succombe et qui
pourtant constitue la réalité nouvelle, divine, qui s'oppose désormais à
l'injustice et instaure le règne de Dieu ».
Ce langage là n'est pas celui d'une majorité qui par un
vote soi-disant démocratique, impose sa volonté. Non ce langage appartient au
petit reste. Rappelez-vous, frères et surs bien-aimés, l'histoire sainte.
Israël, après sa déportation à Babylone, ne ressemblait à rien. Son Temple rasé,
son culte anéanti, sa loi profanée, le peuple exilé. Et pourtant en Israël, il y
eut toujours ce petit reste fidèle aux promesses divines, debout dans
la Foi. Du sein de ce petit reste, Dieu a tissé la fleur
somptueuse qui se nomme Marie de Nazareth. Et les tyrans, les bien-pensants, les
foules ne purent rien contre ce plan de Dieu. La fleur engendra le fruit,
Jésus-Christ. Le petit reste avait eu raison contre tous. « Moi-même je vous
inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront
opposer ni résistance, ni contradiction ».
Aujourd'hui, les chrétiens fidèles à l'Evangile et à
l'héritage culturel et spirituel sont un petit reste en France. Mais Dieu
prépare la fleur qui donnera le fruit, celui du renouveau de la foi, du
renouveau politique, du renouveau de la charité. L'Histoire l'a montré à maintes
reprises : Jeanne d'Arc, Vincent de Paul ou Thérèse de Lisieux ne sont que
quelques exemples tirés de la longue liste des saints de France. C'est ce que
nous disait le regretté Jean-Paul II à Reims en 1996 : « C'est quand la nuit
nous enveloppe que nous devons penser à l'aube qui poindra, que nous devons
croire que l'Eglise chaque matin renaît par ses Saints ».
Chers frères et surs, surtout vous les plus jeunes, ne
craignez pas : le monde est déjà vaincu, le démon est déjà à terre ; ne craignez
pas de vivre en saints jusqu'à l'héroïsme du martyre. Dieu sera toujours avec
vous. Le sacrifice de Louis XVI et de tous les martyrs de la révolution a
ensemencé le beau XIXe siècle d'une sainteté et d'un esprit missionnaire
éblouissants.
Il me semble que la parole de Jésus quelques heures avant
sa passion adressée à ses Apôtres doit plus que jamais retentir : « Courage,
levez-vous ! ».
Abbé Eric Pepino, le 21
janvier 2006
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