Le
vent en poupe pour Jean-Noël Delettre
Photos © Jean-Luc Mège
Par Brigitte Guardi
A quinze ans, devant les navires en flamme de Turner, il décide de devenir
peintre. Quinze ans après, son agenda est surbooké. Il annonce pour 2007 deux
expositions au restaurant l'Oxalys à Val Thorens, une autre à la Galerie Dorée
dans le Vieux-Lyon, une participation au Salon de Printemps de Lyon, une
exposition en août à l'Abbaye de Talloires. Sans tenir compte de sa
participation en mars au festival international de nomades de mOhamid qui
devrait déboucher sur une exposition à Lyon sur le thème du voyage. Mise sur
orbite d'un artiste paradoxal aussi discret qu'ambitieux.
Ce bavard impénitent (dès qu'il se sent en confiance) est un homme heureux. "
Je sens une montée en puissance dans mon travail, une énergie créatrice qui se
traduit par un épanouissement personnel. Je n'ai aucun doute et sais que je suis
en train de me trouver moi-même et aussi de réussir professionnellement. Les
deux choses sont liées et ma carrière suit inexorablement mon évolution
créatrice. Si je sais remettre en question mon travail, je ne doute pas un
instant de moi ". Cette recherche acharnée aussi bien dans la connaissance
de soi que sur le chevalet évoque parfois une thérapie. De fait, Jean-Noël a
vécu une histoire douloureuse dont il a réussi à sortir la tête haute et plus
fort qu'avant. Un gravissime accident le laisse, il y a presque une décennie
dans un coma profond. Durant sept longues années, il réapprend à penser, à
parler, à marcher, à peindre, à vivre. Il reprend ses pinceaux, il y a deux ans
et expose en 2005 son travail sur la tauromachie avec des uvres anciennes et
récentes. La puissance, le souffle de ses toiles traduisant son retour à la vie
étonne, séduit. Il enchaîne ensuite les expositions, est remarqué au Salon
d'Hiver de Lyon, obtient le prix du thème 2006. Son énergie semble inépuisable :
" Quand on a frôlé la mort, on déguste chaque miette de vie et cela se
traduit dans mon uvre ".
Il y a de la boulimie chez cet homme-là qui veut rattraper tout le temps perdu.
Son inspiration est éclectique puisque après les taureaux, il aborde une calme
période influencée plus ou moins par les impressionnistes avec des paysages, une
nature envahissante et un beau travail sur la lumière. Comme Monet, il peint la
même église à différentes heures de la journée. Succèdent alors des portraits
(bien souvent des commandes), les nus féminins, le Maroc, la montagne. Ça marche
pour lui : à l'exposition de paysages sous le grand dôme de l'Hôtel-Dieu au
profit des enfants atteints du cancer, il vend dix-neuf toiles en une heure. Ses
maîtres se nomment Frans Hals, Degas, Renoir, Cézanne et surtout, l'américain
Hopper. " Je ne cherche pas à plaire, je travaille uniquement dans l'émotion
et la sensation que je tente de traduire sur la toile. Je ne crois qu'à
l'expression personnelle et suis persuadé que c'est la clé du succès. Telle est
ma manière de voir les choses ". En 2008, tel Rastignac, il part à l'assaut
de Paris et songe déjà à une carrière internationale : New York, Londres,
Berlin, Tokyo... Il ne doute pas. Il vit seul, travaille comme un forcené,
s'éclate dans le sport. Son énergie n'est pas sans rappeler un certain " homme
pressé " du grand écrivain français Paul Morand.
Pour en savoir plus, consulter le site
www.delettre.org
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