Aaron : facettes d'artiste
Photo : Jean-Luc Mège
Par Françoise Petit
Dans son petit atelier sans soleil, Aaron rêve en technicolor. Le ciel
du Mexique ne lui manque pas. Son pays natal habite intimement son âme d'artiste
restituant avec bonheur sa passion de créer. Parti il y a 25 ans à la conquête
de l'Est, ce goûteur d'eldorado vit à Lyon des histoires simples qui prennent
aujourd'hui de l'ampleur...
Ce chariot qu'aurait pu tirer Zampano dans la Strada franchit la Saône chaque
dimanche matin. Un gros carton posé sur les roulettes suffit pour stocker
l'uvre du capitaine de cette drôle d'embarcation. Le marché de la création où
il décharge sa manière d'être est un formidable vecteur d'image. C'est là qu'un
monsieur important du Groupe Accor remarque l'artiste et les facettes de
son art. Depuis, Aaron passe ses nuits à réveiller les halls d'accueil de
quelques Sofitel. Don Quichotte en atteste a l'aéroport de Madrid. Du
papier, rien que du papier mâché. Les formes sont sculptées dans l'argile.
Animaux fantaisie, taureaux ailés, vaches aux mille visages, personnages
mythologiques ou mythiques peuplent l'univers du sculpteur peu complexé
heureusement par son allergie des études : jeune, j'étais très, très
bourricot !
Pas tant que ça. Aaron est entré à l'Université d'Architecture de Mexico et
s'est inscrit aux Beaux-Arts de St Etienne puis d'Aix-en-Provence. Plus
téméraires, Marco et Victor ses frères étudiant à l'INSA sont
repartis diplômes en poche au Mexique. Aaron contre-attaque, épouse complètement
Lyon en se mariant à une Lyonnaise ! Et puis Léon : mon fils et les
enfants en général m'aident à imaginer, ils savent tellement regarder .
Ex-musicien de rue par joie et nécessité, Aaron célèbre aujourd'hui sans fanfare
son quart de siècle en France. Au rythme de ses expositions, on peut apprécier
le formidable chemin parcouru : expos de Lausanne à Berlin en passant par Paris
ou St Paul de Vence, cimaises de MJC ou conception de décors de restaurants ou
discothèques, galeries d'art contemporain, chantiers d'architectes (Chaduc)
etc... Tout laisse à penser que Aaron entrera dans la légende des artistes
remarquables de notre siècle. Faute de site Internet (il préfère le Minitel !)
rendez-vous avec lui au marché de la création.
|