Le
Courrier des lecteurs
Toutes
vos impressions en ligne !
Arthus
Bertrand est un bon investissement !
Oooh,
il est bien énervé le Julien
qui a écrit l'article sur Arthus
Bertrand, cette
semaine !
410 000 F pour ce type de pub, tu sais, c'est
pas grand chose. C'est l'équivalent par exemple
d'un seul spot de 30 secondes pour vanter
l'Irlande sur TF1 le dimanche soir... et
ça fait une dizaine d'années qu'on les voit
leurs spots. C'est la même chose ces jours-ci
avec le Québec en hiver, tu l'as certainement
remarqué. Dans tous les cas, la promo
touristique, c'est toujours financé par les
collectivités du coin, donc les
contribuables... Et si autant de lieux au monde
font leur pub, c'est bien que ça doit avoir des
retombées positives, non ?
La promotion des territoires à l'étranger coûte
très cher, mais rapporte beaucoup, beaucoup
plus. Chaque année, les gros salons organisés
à Lyon rapportent des dizaines de millions sur
un rayon de 100 km en remplissant tous les hôtels,
en faisant appel aux transports et parce que
tout simplement les visiteurs mangent et dépensent
dans les commerces, ce qui profite à toute la région
!
Et ça marche : demande-donc aux commerçants de
Lyon. Depuis le G7 en 96 et la Coupe du Monde de
98, le nombre d'étrangers a radicalement
augmenté.
Mais pour les faire venir, tous ces visiteurs,
ses congressistes, il faut bien leur vendre Lyon
en premier lieu, alors qu'ils ne connaissent pas
la ville ! Moi, je suis très content que le Comité
du Tourisme du Rhône (ou son agence de pub)
ait pensé à Arthus Bertrand pour prendre des
vues uniques du Rhône. Tant mieux, Lyon va être
présenté sous un angle nouveau, avec des
photos que l'on n'aura jamais vues (cf les
pages du Progrès et Lyon Figaro
il y a 10 jours), prises par un type connu dans
le monde entier. C'est ça qui fait connaître
notre département à l'étranger.
Une petite histoire : on critique toujours le coût
des JO, mais c'est parce qu'ils étaient à
Grenoble en 68 que les dirigeants de HP
ont entendu parler de cette ville et qu'ils sont
venus s'implanter en Rhône-Alpes... Imagine le
rapport entre l'investissement des JO et les
milliers d'emplois créés depuis, sur 30 ans,
plus toutes les retombées indirectes.
Et alors restent les 410 KF... Tu crois que
c'est tout pour lui ? Tu penses aux repérages
et aux préparatifs ? Aux honoraires des gens
qui bossent sur la campagne de com. ? Aux frais
de pilote et d'hélico ? Au personnel technique
? Aux centaines de pellicules et au développement
? Au matos ?
Et si Arthus Bertrand se constitue une fortune
grâce à son métier, tant mieux pour lui, j'en
suis ravi ! Pourquoi vouloir toujours allumer
les gens qui réussissent ? Si c'était si
facile de faire ces photos, quelqu'un l'aurait
fait avant lui, tu ne crois pas ? Si c'était
juste "de la soupe", tu penses pas que
d'autres se jetteraient dans la marmite pour
faire leur beurre ?
Sérieusement Julien, je pense que c'est au
contraire un bon coup que prépare le Comité
du Tourisme. On pourra tous juger dans
quelques mois... Si on a l'occasion de voir ces
pubs sur les murs de Berlin, Turin, Manchester
ou Oslo et d'avoir une enquête sur les retombées
locales !
Alex,
mardi 6 novembre 2001
La
réponse de la rédaction
Cher
Alex,
Il
n'est, bien évidemment, pas indécent de
faire des bénéfices sur son travail. Là où
le bas blesse, c'est la marge faramineuse réalisée
par l'artiste. Il ne s'agit plus d'une
commission acceptable de 20 ou 30 %. Le calcul
est simple : une heure d'hélicoptère
bi-turbine similaire est facturée 9000 F par Loc'Héli.
Le travail réalisé prend au maximum douze
heures, soit 108 000 F. Les frais de séjour
pour le photographe et le pilote sont estimés
à 9000 F pour trois jours. L'aller-retour sur
Paris se situe aux alentours de 40 000 F. La
somme des dépenses engagées atteint alors 157
000 F.
Où
se trouve la différence ? Dans la poche du
magicien avec une marge de 261%. Les frais de
repérages dont vous me parliez, cher lecteur,
ont été pris en charge par le CDT avec
l'appui d'une kyrielle de collaborateurs.
Les frais de campagne pour la ville ne font pas
partie des frais du photographe. N'oublions
pas de mentionner que les droits artistiques
restent la propriété de l'artiste. Alors que
se passera-t-il lors de la campagne de
communication si rayonnante de la ville de Lyon ?
Arthus-Bertrand
viendra ponctionner ses droits sur toutes
publications, cartes postales, posters...
Une
telle attitude enrayera rapidement une
communication nationale ou internationale. Cela
paraît irréel, Buren l'a pourtant fait. Après
ces quelques précisions, ne paraît-il pas exagéré
de marger à 261% sur le dos des contribuables.
Tout travail mérite salaire mais restons
raisonnable quand c'est le contribuable qui
paye la facture.
Julien,
le 8 novembre 2001
A
suivre,
Jean-Pierre
Bouchard répond à Toussaint Pothin
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